La perception de l’autre est un peu ardue lorsqu’on cherche à la stabiliser. Normal, il n’y a rien à stabiliser, rien à retenir, à freiner, puisque tout change, tout est mouvement. La perception de l’autre est toujours suivant notre vérité, notre regard. Normal puisque nous vivons au travers de notre filtre mental, de nos 5 sens en superficialité, et ne voyons pas des situations mais bien des problèmes, des pensées et des émotions que nous gérons plus ou moins bien. Ou encore le plus souvent, exprimons de la gêne ou du plaisir, le j’aime, j’aime pas etc… Cela crée notre propre réalité et nous croyons que celle-ci est la réalité de tous les mondes. Et pourtant. Percevoir l’autre, c’est entrer dans l’univers du réel, l’univers du choix conscient, du choix du bien être. L’univers de la micro interrelation, l’infiniment petit et grand de l’inter-échange énergétique. Cet échange subtil, défini un ensemble de paramètres énergétiques qui vont eux mêmes définir le j’aime, j’aime pas, le bien être ou le malaise etc. Car si nous nous connectons à cette “naissance”, ces interstices, c’est toute une maitrise que nous pouvons observer.
La perception. C’est tout d’abord un processus qui permet d’en venir à la connaissance, de soi, des autres et de notre environnement. Je perçois, je vois, je sens, je pressens, je suis en perception dans tous mes sens ; autant de synonymes que d’adjectifs que nous pouvons mettre derrière ce mot, perception. Mais si on arrête de mettre quelque chose et tout simplement nous observons, nous nous ouvrons à ce qui se passe dans la perception de ce qui est. C’est à dire ouvrir en grand, le monde de l’inter-échange, le monde du changement perpétuel sans vouloir le saisir, le modifier, l’étiqueter… simplement voir.
Moi avec l’environnement, l’environnement et moi, ou encore j’observe l’échange qui se produit entre la situation et moi, ou l’évènement et moi.
Le plus souvent les yeux fermés pour obtenir une vision plus claire, parce qu’il y a une subtilité qui est d’une évidence presque insoutenable de simplicité car, c’est notre capacité à la voir qui sous-tend la totalité du choix de l’instant.
Je m’explique. Nous faisons nos choix en fonction de notre passé, de notre éducation, de notre expérience qui n’est autre que notre capacité à accepter les choix que nous avons fait (j’attire ce que je vibre) et, enfin nos aspirations qui sont elles aussi plus ou moins issues de nos distorsions qui définissent notre capacité de croire que nous sommes dans le réel.
Mais comment faire pour être dans la ou les perceptions ?
C’est comme prendre un train en marche.
Pour parler de ce mouvement, je vais vous faire part d’une expérience tout à fait personnelle mais ô combien décisive, voici quelques années maintenant, lors d’une soirée de méditation.
A cette époque, j’étais marié, installé dans une harmonie des plus normales et pourtant quelque chose me disait que ce n’était pas ça. Il manquait quelque chose. Mon travail n’était pas dans le courant de ma vie mais, je m’en accommodais car il m’assurait une certaine “stabilité”. Les énergies de la vie étaient là, mais en partie seulement. Cela me rendait perplexe quant à la capacité que j’avais à mieux percevoir et à vivre avec les êtres, l’environnement et surtout ma compagne. Lors d’une soirée méditation, j’étais assis par terre, calme, serein et comme à mon habitude les yeux fermés. J’étais ouvert à toutes perceptions. Mon regard intérieur était spacieux et l’ouverture survint. Alors que nous étions tous prêt pour cette méditation, quelqu’un se leva et passa derrière moi à quelques centimètres. Je gardais les yeux fermés et tentais de percevoir cette personne par l’odeur, la sensation…, un peu comme un jeu. Je ne reconnue pas cette personne, même par l’air qu’elle avait déplacé et, ce que j’éprouvais était des plus désagréables, antagoniste et très intrusif, angulaire. Dans la perception du déplacement, c’est comme si c’était moi qui partais. J’étais en vibration avec la personne qui sortait de la pièce, et cela m’a montré en évidence, que cette énergie ne me convenait pas du tout.
Je fus très étonné de ressentir cela et, j’ai tout de suite attribué cette “distorsion” à un oubli, un agacement de la personne face à la situation. En effet la méditation allait commencer, mais cette personne avait, sans doute, oublié quelque chose. Cette position a pu générer de la culpabilité et ainsi projeter dans une distorsion la personne pendant quelques instants. Elle revint quelques minutes plus tard et repassa derrière moi avec la même énergie et, je reconnu, à ce moment là, le “voilà, pardon de vous avoir fait attendre” de ma compagne. J’étais surpris d’autant de différence entre la personne que je “connaissais”, que je voyais tous les jours et l’énergie de ce moment.
Pendant la soirée, je continuais à observer et non pas seulement focalisé sur l’énergie de ma compagne, mais sur tout le groupe, c’était maintenant une dimension nouvelle pour moi qui n’avait aucune personnification mais bien un mouvement. Le mouvement de l’instant. Au début, je pensais que c’était une projection que mon mental utilisait pour prendre une forme de pouvoir. Et pourtant, j’étais bien loin de me douter que cette ouverture aller bouleverser complètement la conception que j’avais de ma vie, de mon esprit. C’est par cette brèche que je me suis engouffré dans les perceptions infimes. C’est comme regarder un dessin animé en 2 dimensions et puis tout à coup le voir en 3 dimensions. Il y a beaucoup plus de détails et la conception, l’idée, n’est plus la même !
Je compris ce qu’était ce fameux “lâcher prise”. Ce qu’était “vivre l’instant présent”. Ce qu’était, peut être, “regarder le réel”.
Percevoir l’autre, c’est voir sa véritable intention, son énergie, ses connections, sa nature véritable. C’est aussi voir l’interaction et l’inter-échange qui se définissent par nos deux existences présentes dans le même espace temps. C’est aussi voir l’interaction et l’inter-échange qui se définissent par ces deux existences dans chacun de nos propres espaces temps.
Nous revendiquons le droit au bonheur, nous revendiquons la reconnaissance. Nous sommes tout le temps entrain de revendiquer quelque chose, même “être au service de”. Alors que sous notre nez il y a la perception de ce qui est, vibration et lumière. Simplement en élargissant chacun de nos sens nous pouvons entrer dans le monde de l’inter-échange, de l’interrelation énergétique et ainsi choisir d’être dans la fluidité ou pas.
Est-ce cela le réel ?
Peu importe si c’est une vérité, mais je continu à dénoncer le faux et à affirmer ce qui est juste, non pour moi, mais pour l’instant. Peut être que finalement, vivre dans l’instant n’est pas vivre avec des désirs, des besoins, des revendications, mais bien de vivre parce qu’il y a fluidité dans l’instant. Savoir s’arrêter lorsque la fluidité s’arrête, être dans la fluidité lorsque elle est là, c’est peut être trouver la sagesse et pourquoi pas… l’éveil !
Beaucoup d’écrits parlent de la même chose. Je le su bien plus tard, même si je lis très peu. Mes perceptions s’affinent de plus en plus car je ne cesse de pratiquer et encore pratiquer. Remettre en question, changer de focus, de regard et ainsi essayer de percevoir de différentes manières aussi bien dans l’infiniment petit que l’infiniment grand, l’unicité et la globalité. Ô porte unité ! Je suis là. C’est comme cela que je m’aperçus que chaque sens possède une profondeur à découvrir, à éveiller. Ainsi le regard n’est pas le regard, le toucher n’est pas le toucher, l’odorat n’est pas l’odorat que nous connaissons. Il y a la profondeur dans chaque sens, un interstice à conquérir, à connaître, à pratiquer dans chaque instant de notre vie. Pourquoi ? Pour saisir la vie, le réel, dans sa totalité.
Mais est-ce là le fondement de la vie, du réel ? Je ne le sais pas. Je suis le chemin et ne cesserai de le suivre. J’avais lu une phrase il y a quelques années : Soyez le chemin !
Je commence à le percevoir…
Sortir de l’ignorance et passer dans la connaissance, c’est arrêter de souffrir. Entrer dans la perception de l’autre c’est rendre possible de voir la fluidité de l’instant et de faire un choix plus conscient. Car finalement ce n’est pas l’autre ni moi qui est important, c’est l’instant. Être ensemble partageant un même espace temps dans la fluidité. Que nous soyons seul ou accompagné, c’est l’instant.
Hervé
Post Scriptum: “Du point de vue de l’enseignement il n’y a rien qui soit juste. il y a simplement des situations vraies. Et il vaut mieux quelque chose de faux qui soit vrai, que quelque chose de juste qui ne le soit pas !! La notion du juste est toujours lié à la démarche du résultat. C’est toujours notre ancien fonctionnement. La situation juste devant engendrer le bon résultat. Dans l’enseignement, il n’y a plus de résultat. Il n’y a que des situations vraies. La situation vraie implique une responsabilité. L’enseignement n’est pas là pour répondre à nos questions, mais nous suivons l’enseignement pour répondre de nos questions. La situation juste redevient, d’une façon déguisée, la circonstance favorable. Il n’y a pas de circonstance favorable pour celui qui est sur le chemin de la conscience. Il n’y a que des occasions de travail. Yvan Amar“